Covid-19 03 April 2020

Covid-19 : Ces secteurs qui résistent malgré tout

Covid-19 : Ces secteurs qui résistent malgré tout

L’INSEE a publié récemment ses premières estimations concernant la baisse du PIB en 2020, avec une chute spectaculaire de l’activité générale et de la consommation d’un tiers au mois de mars. En espérant que la situation s’améliore et pour faire preuve malgré tout d’un peu d’optimisme, quelques secteurs qui résistent au Coronavirus – plus ou moins attendus – ici ou ailleurs échappent à la crise. Des impacts parfois conjoncturels, mais dont certains pourraient également perdurer.


Des pâtes et du riz

La consommation agro-alimentaire hors domicile (restauration, cantine) s’est par la force des choses immédiatement effondrée, même si certains ont trouvé la parade en développant une activité de livraison. Heureusement, les commerces alimentaires sont restés pour la plupart ouverts. Malgré la fermeture des « marchés ouverts » et une pénurie de main d’œuvre agricole, la chaîne logistique alimentaire a été tant bien que mal préservée. Le segment de la consommation agroalimentaire à domicile a même connu un surplus d’activité à court terme selon l’INSEE.
Comme souvent observé en « temps de guerre », beaucoup de gens se sont rués pour stocker des produits tels que riz et les pâtes. Si l’on ajoute les états qui ont reconstitué leurs stocks stratégiques, le cours du blé s’en est même envolé. En revanche les cours du poisson se sont effondrés, au point que de nombreux pécheurs préfèrent rester au port : il semblerait que les Français préfèrent manger leur poisson au restaurant…

Evolution du cours de compensation du blé tendre mai 2020

Source terre-net.fr – Euronext

Les consommateurs qui limitent leurs déplacements semblent également délaisser les produits frais (Fnac-Darty aurait multiplié par ailleurs ses ventes de congélateurs par 10). Nielsen révèle que les hypermarchés sont actuellement les grands perdants en relatif, car seul 6% des Français en ont un à moins de 5 minutes de leur domicile, au profit des magasins de proximité, et de l’ e-commerce. Ceux-ci pourraient continuer à en bénéficier sur le long terme. Par ailleurs l’exil massif des Parisiens en province (près d’un million de franciliens ont quitté la capitale) aurait entrainé des variations importantes en régions.

Equipement médicaux

Triste conséquence de l’actualité, les besoins en équipements médicaux et sanitaires explosent. La Commission Européenne qui a décidé de créer une réserve stratégique estime que les circuits traditionnels d’approvisionnement ne couvriraient que 10% de besoins en Europe. Même la Chine semble avoir du mal à faire face à la demande mondiale.

Partout dans le monde la riposte s’organise : Donald Trump a réquisitionné General Motors pour produire des respirateurs. En France, Air Liquide, PSA, Schneider Electric et Valeo annoncent également une initiative commune dans ce sens. Les exemples de PME ou entreprises qui réorientent leur production pour produire masques, gel et respirateurs se multiplient. Le dernier projet mis en ligne par WeShareBonds concerne d’ailleurs la société PFP Termopolimeros SL, société espagnole déclarée d’intérêt national, fournisseur essentiel pour les hôpitaux et laboratoires dans la lutte contre le Covid-19 (tubes respiratoires, flacons).

Ces secteurs qui résistent au Coronavirus : La location de jets-privés et abris souterrains

Faut-il en rire ou en pleurer ? Aux États-Unis, la construction d’abris souterrains et bunkers – déjà soutenue par les mouvements survivalistes depuis l’élection de Trump – a le vent en poupe du fait du Covid-19. Les ventes d’armes explosent aussi malheureusement avec le confinement.

Le segment de la location de jet privée semble également s’envoler partout, alors que les vols commerciaux sont cloués au sol. Keylor Navas le gardien du PSG aurait ainsi affrété un vol pour 200 000 euros pour se rapatrier avec sa famille au Costa Rica…

Ces secteurs qui résistent au Coronavirus : Alcool et jus d’orange ?

L’alcool pour faire face au stress ? Un préfet inquiet avait pris un arrêté controversé pour en interdire la vente comme aux vieux temps de la prohibition… Finalement malgré la mode des « apéros Skype » et le fait que les cavistes restent ouverts, il semblerait que les ventes d’alcool ont diminué : cidre et bière compensant une baisse des alcools forts et du champagne. Rien n’indique cependant si les Français avaient des réserves et sont en train de vider leurs caves ! Certaines brasseries se sont reconverties par ailleurs dans la production de gel hydroalcoolique.

Les consommateurs en recherche de boissons plus saines et de vitamine C se tournent vers le jus d’orange. Avec deux tiers de la production mondiale situé au Brésil, les approvisionnements ne sont pas aisés et les cours flambent.

Cours du Jus d’orange – New-York

Cours du jus d'orange New York

Les « drives » plébiscités, le défis de la vente en ligne

Du fait de la fermeture de nombreux points de ventes, les consommateurs se rabattent sur les commerces existants. On annonce une accélération de la popularité du drive qui limite les contacts (et qui a approché 10% de part de marché pour la première fois).

Le confinement offre également une opportunité pour les ventes en ligne. Cependant, cela n’est pas sans poser des difficultés de logistique : Ocado qui représente 15% de l’épicerie fine au Royaume-Uni a ainsi dû fermer son site sursollicité. Même Amazon, très demandé et qui a embauché 100 000 personnes au États-Unis et augmenté les salaires, a dû restreindre son offre pour la concentrer sur les articles essentiels. Même démarche chez Boulanger ou Ikea.

Outre les problèmes informatiques, les difficultés sont triples : gestion des stocks, respect des mesures sanitaires dans les entrepôts, et livraison. D’autant plus que les « points relais » et les solutions de « click & collect » sont souvent fermées. La Poste a réduit ses services et les délais de livraison s’allongent.

Certaines marques « digital natives », ou avec des modèles d’abonnement, tirent pourtant leur épingle du jeu et communiquent sur les réseaux sociaux. Mais la logistique reste la clé. La FEVAD (Fédération du e-commerce et de la vente à distance) a fourni une étude complète sur l’état des réseaux de distribution dans les différents pays d’Europe et l’impact sur l’e-commerce.
Au global le bilan reste en fait mitigé selon la FEVAD malgré la surperformance de certaines catégories (« food », loisirs) :

  • 94% des sites restent opérationnels
  • 75% des sites connaissent des ventes en baisse (-50% pour la moitié d’entre eux)
  • 40% s’estiment en danger si la crise devait durer plus de 3 mois
  • 82% sont en télétravail, 40% ont des problèmes d’approvisionnement et 85% des difficultés d’acheminement

Le secteur agroalimentaire qui résiste, des équipements médicaux en plein boom, l’e-commerce face à de nombreux défis et les « drive » qui s’imposent sont des évolutions que l’on a pu déjà observer. Cependant, des usages tels que la livraison à domicile et une adoption plus large des plateformes « cloud » pourraient également s’imposer comme des tendances de fond. Nous vous donnons rendez-vous dans notre prochaine article sur les secteurs qui résistent au coronavirus malgré tout.

Publication originale de le 03 April 2020 mise à jour le 09 December 2021